AFFAIRE REDA KRIKET I PROCES D’UNE TENTATIVE D’ATTENTAT DEJOUÉE PAR LA DGSI AVANT L’EURO 2016

Le procès de Reda Kriket, ainsi que de six autres personnes renvoyées devant la Cour d’Assises pour association de malfaiteurs criminels terroristes, accusés d’avoir fomenté un projet d’attentat peu avant l’Euro 2016, se déroulera du 8 mars au 9 avril 2021, au Palais de la Cité, à Paris.

« Vous avez trouvé le jackpot. N’envoyez pas le chien [spécialisé dans la détection d’explosifs], il va mourir. » C’est devant la porte du 185 boulevard Delambre à Argenteuil (Val d’Oise) que Reda Kriket parle enfin ; comme s’il voulait préparer les policiers à l’importance de l’arsenal qu’ils trouveraient à l’intérieur de l’appartement.

Le 24 mars 2016 étaient en effet retrouvés chez le terroriste - en plus de nombreux documents sur la fabrication d’explosifs et de la propagande djihadiste - 5 kalachnikovs, un pistolet-mitrailleur, 7 armes de poing, des munitions, 1,3 kilos d’explosifs, un détonateur, plus de 11 000 billes métalliques, un petit laboratoire de chimie et de nombreux précurseurs d’explosifs.

Les saisies qui en ont résulté avaient permis au procureur de la République de l’époque, François Molins, d’avancer que cette découverte avait « permis d’éviter la commission d’une action d’une extrême violence par un réseau terroriste prêt à passer à l’acte ». Manuel Valls, alors Premier ministre, avait quant à lui ajouté que Reda Kriket et ses possibles acolytes avaient « sûrement l’Euro de football en ligne de mire », cette compétition s’étant déroulée du 10 juin au 10 juillet 2016 en France.

L’enquête ayant conduit à son arrestation et à celle d’Anis Bahri avait débuté 6 mois plus tôt en Turquie.

En effet, deux individus, Miloud Feia et Tarek Bahri, sont arrêtés le 7 novembre 2015 par les services turcs à Adana (Turquie). Ils les soupçonnent de vouloir franchir la frontière turco-syrienne afin de rejoindre l’État Islamique (EI). Étant tous deux de nationalité française, les autorités turques décident d’informer la Direction Générale de la Sécurité Intérieure (DGSI) de cette arrestation.

Les services de renseignement français mènent alors leur enquête et font rapidement le lien entre l’individu arrêté en Turquie, Tarek Bahri, et Anis Bahri, son grand frère, un Franco-Tunisien de 32 ans, soupçonné par la DGSI d’avoir rejoint la Syrie début 2015 avec un certain... Reda Kriket.

Le 14 novembre 2015, l’état d’urgence est décrété par le Président de la République. Tous les services de renseignement et de sécurité sont en alerte et voient leurs pouvoirs élargis. Ainsi, le coup de filet turc intervenu quelques jours plus tôt marque le point de départ d’une longue traque visant à retrouver deux terroristes potentiels, Reda Kriket et Anis Bahri.

Ce sont des policiers belges qui surveillent alors des individus soupçonnés d’appartenir à la mouvance djihadiste qui vont retrouver la trace du premier, le 13 mars 2016 au volant, à Bruxelles, d’un véhicule auparavant identifié comme appartenant à un certain...Anis Bahri.
Poursuivant leur surveillance en collaboration avec les services français, ils voient rentrer Reda Kriket à Paris le 21 mars 2016.

Pour ce qui est du second, Anis Bahri, la DGSI avait déjà retrouvé sa trace lors d’une perquisition réalisée le 11 décembre 2015 au domicile familial des Bahri, perquisition faisant suite à l’arrestation de Tarek Bahri en Turquie pour des faits de terrorisme, et rendue possible par les mesures de l’état d’urgence.
Toutefois, les enquêteurs, n’ayant alors que des soupçons sur l’appartenance à la mouvance djihadiste d’Anis Bahri et pas assez éléments contre lui, l’entendent libre dans les locaux de la DGSI le jour-même.
Il est de nouveau convoqué quatre jours plus tard mais ne s’y présente pas. Les policiers, ayant découvert des éléments à charge contre lui lors de la perquisition, tentent alors de lui notifier son assignation à résidence, mais Anis Bahri reste introuvable et ne donne plus signe de vie.

Un renseignement humain va permettre aux services de renseignement de le retrouver en février 2016 à Argenteuil. Il est alors pris en filature par les agents de la DGSI, qui les mènera vers un immeuble du 185 boulevard Delambre, le même que celui au sein duquel ils découvriront, le mois suivant, un arsenal de guerre.

Reda Kriket et Anis Bahri sont finalement interpellés en mars 2016 à quelques jours d’intervalle.
Reda Kriket est interpellé à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine) le 24 mars 2016.
Anis Bahri est quant à lui interpellé le 27 mars 2016 à Rotterdam (Pays-Bas), les agents le surveillant depuis février ayant perdu sa trace à la frontière franco-belge. Les policiers néerlandais découvrent lors de la perquisition du domicile qu’il occupe, 16 chargeurs et 3 728 munitions pouvant être destinés à être utilisés avec des kalachnikovs. Il est alors incarcéré aux Pays-Bas. La justice néerlandaise approuvera le 25 mai 2016 la demande de sa remise aux autorités françaises.

Précisons que Reda Kriket a déjà été jugé par défaut pour des faits en lien avec le terrorisme ; il a en effet été condamné le 29 juillet 2015 à dix ans de prison pour son soutien financier à une filière djihadiste, dans laquelle apparaît Abdelhamid Abaaoud, un des membres des commandos armés des attentats 13 novembre 2015.

Il a par ailleurs indiqué aux enquêteurs que les armes et les explosifs retrouvés chez lui étaient destinés à détrousser des braqueurs, car, selon ses mots, « ils ne portent pas plainte ».

La FENVAC, en collaboration avec l’AfVT, toutes deux parties civiles, assisteront quotidiennement aux audiences, dont un compte-rendu sera publié chaque semaine sur nos sites internet.

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