Attentat de la gare Saint-Charles à Marseille : le rapporteur public dédouane l’Etat

L’auteur de l’attentat, qui a poignardé deux jeunes filles le 1er octobre 2017, avait été interpellé la veille pour un vol à la tire, puis relâché. Les familles des victimes demandent la condamnation de l’Etat pour faute.

Les parents des Laura Paumier et Mauranne Harrel, les deux victimes de l’attentat de Marseille, perpétré le 1er octobre 2017 sur le parvis de la gare Saint-Charles, demandent la condamnation de l’Etat pour faute, auprès du tribunal administratif de Lyon.
Originaires de la banlieue de Lyon et de la région d’Aix-en-Provence, les familles estiment que la préfecture du Rhône a directement causé les conditions de l’assassinat de ces jeunes femmes, deux cousines poignardées par Ahmed Hanachi, Tunisien en situation irrégulière, remis en liberté la veille des faits, alors qu’il venait d’être interpellé pour un vol à la tire. Abattu par les soldats de l’opération « Sentinelle », l’individu n’était pas répertorié par les services de renseignements.

« Aucune faute »
A l’audience du mercredi 8 janvier, le rapporteur public a préconisé le rejet de la demande des familles, estimant que la mise en œuvre d’une obligation de quitter le territoire pour un étranger en situation irrégulière était « facultative » pour un préfet, qui a toute latitude pour apprécier les situations au cas par cas. « L’administration n’a commis aucune faute, elle n’était pas obligée de prendre la mesure d’éloignement de l’intéressé », a déclaré Christophe Rivière, précisant que l’individu n’était « pas connu pour sa radicalisation ».
« Il est facile de dire après coup qu’il ne serait pas passé à l’acte s’il avait été placé en rétention, ça c’est sûr, mais la question est de savoir s’il y a eu une faute, or aucun élément ne permettait de penser qu’il représentait une grave menace », a estimé Pascale Léglise. Pour la représentante du ministère de l’intérieur, « dire que toutes les personnes étrangères constituent une menace pour l’ordre public, c’est un pas difficile à franchir, toutes les personnes en situation irrégulière ne sont pas des terroristes en puissance. »

Ahmed Hanachi apparaissait dans les fichiers policiers comme un délinquant itinérant, impliqué dans des délits, sous six identités différentes. Il avait fait l’objet d’un arrêté d’éloignement de la préfecture de Toulon en 2005, non exécuté. Interpellé dans le centre commercial de la Part-Dieu, à Lyon le 29 septembre 2017, pour le vol d’un blouson d’un montant de 36 euros, il était placé en garde à vue. Le parquet a classé l’affaire sans suite.

Publié par Richard Schittly, pour Le Monde, le 9 janvier 2020.

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