ATTENTATS DE JANVIER 2015 I DURANT CETTE 8ème SEMAINE DE PROCÈS, LES ACCUSÉS ONT NIÉ UNE IDÉOLOGIE RADICALE MAIS ONT RECONNU DES TRAFICS EN TOUT GENRE

La semaine a débuté avec M. Karasular. Ce belge de 50 ans aux expressions singulières, a reconnu dans un premier temps être un joueur qui a pu faire des erreurs mais qui nie totalement avoir un lien avec le terrorisme islamiste ; lui est reproché notamment d’avoir fourni des armes à A. Coulibaly en compensation d’une dette qu’il devait au terroriste. Par ailleurs, deux notes écrites ont été retrouvées dans le garage de l’accusé dont une écrite de sa main, comportant une liste d’armes. Ce dernier se défend disant que cela n’a rien à voir avec les attentats.

M. Catino a ensuite été entendu, ami de 30 ans de M. Karasular, il est accusé d’avoir transporté un sac d’armes le 30 novembre à la demande de M. Martinez et de l’avoir apporté à A. Polat pour la somme de 500 euros. Ce belge âgé de 67 ans reconnaît avoir transporté le sac mais affirme qu’il n’a jamais su ce qu’il y avait dedans.
Cet ancien addict aux jeux pour qui la question se pose de savoir s’il était « l’homme à tout faire » de M. Karasular, a expliqué avoir souvent donné des « coups de mains » en échange de petits billets. Lors des déclarations spontanées à la Cour, il a déclaré qu’il n’était pas un terroriste et qu’en 2015, c’était même la première fois qu’il entendait ce mot.

A. Abbad est quant à lui, le seul accusé à être relié aux frères Kouachi. Lien qui a pu être fait grâce à ses propres déclarations quelques années plus tôt lors de sa première audition dans cette affaire. Il aurait en effet recherché des armes pour les terroristes de Charlie Hebdo. Son nom est apparu tout d’abord par la téléphonie. Grand trafiquant des Ardennes, il a été en possession de plusieurs lignes téléphoniques dont une particulièrement en contact avec 3 des autres accusés présents dans les boxs. Malgré la multitude de versions évoquées jusqu’à présent, l’accusé a essayé d’apporter des éclaircissements que la Cour a tenté de comprendre lors son interrogatoire.

En cette fin de semaine, c’est M. Martinez qui a été entendu. Reconnaissant avoir eu un rôle d’intermédiaire pour transporter des armes, il nie cependant toute implication dans le dossier terroriste, expliquant avoir honte d’être associé à cela. Il explique vouloir s’exprimer notamment sur les soupçons de radicalisation qui pèsent sur lui, il se dit musulman pratiquant mais en aucun cas radicalisé. Par ailleurs, il justifie son implication dans le transport d’armes comme un service rendu à son ancien associé, A. Abbad, à côté de lui dans le box, et qui se trouvait dans une situation « difficile » à cette époque à la suite d’une lourde condamnation. Cette journée consacrée à M. Martinez a également été marquée par le témoignage du père de sa femme qui depuis des années soutenait avoir surpris M. Martinez en train de regarder une vidéo de décapitation. Après l’audition de son beau père, il semblerait que la vidéo corresponde en fait à une scène d’un film d’Albert Dupontel, à la surprise générale de la salle.

Vendredi, la veuve d’Abdelnasser Benyoucef, Sonia M, était entendue à la barre en visioconférence depuis la prison de Fleury Mérogis. De nationalité française, elle dit s’être rendue en Syrie en septembre 2014 sous l’influence d’un homme qu’elle qualifie de mauvaise rencontre et déplore le fait qu’elle ait été à cette époque une personne crédule. Alors qu’elle a finalement réussi a s’exfiltrer de Syrie avec ses enfants par un réseau de passeurs, celle qui décrit son premier mari, mort dans les combats, comme ayant le rôle d’émir des opérations extérieures de l’Etat islamique, a tenu à s’exprimer à Charlie Hebdo : « C’est important que vous continuez, c’est ce qu’ils détestent (...) ne lâchez pas. (...) eux, ce qu’ils veulent, c’est créer un malaise dans la société (...) vous représentez la liberté et c’est ce qu’ils détestent le plus”.
Quand à Peter Chérif, qui après plusieurs refus, est finalement apparu à l’écran, a déclaré : « le seul témoignage que j’apporterai sera celui de Dieu. » Il gardera ensuite un silence total devant les questions de la Cour et des avocats des Parties Civiles.

Lundi, la journée sera consacrée à l’interrogatoire de A. Polat.

Retrouvez la suite du compte-rendu ci-dessous :

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