CRASH DE CHARM EL CHEIKH I LES PROCHES DES VICTIMES TOUJOURS EN ATTENTE DE REPONSE, 17 ANS APRES LE DRAME

Le 3 janvier 2004, un avion de la compagnie Flash Airlines s’abimait en mer quelques minutes après le décollage, en partance de Charm-el-Cheikh, causant la mort de 148 passagers, dont 135 victimes de nationalité française.

M. Claude Fouchard, ancien président de l’association de défense des familles des victimes de la catastrophe aérienne de Charm-el-cheikh, décédé en février 2021, déclarait au Parisien en 2019 : « Cet accident n’est pas la faute à pas de chance. Il résulte de fautes graves commises par des pilotes pas formés, pas qualifiés, et par une compagnie en faillite permanente qui ne disposait que de deux avions en leasing, et qui, le soir même du crash, avait déposé le bilan et disparu ».

Aujourd’hui, bien qu’éprouvés par 17 ans de procédure d’instruction pour « homicides involontaires », les proches des victimes sont toujours aussi déterminés à ce que justice soit rendue. Les raisons de cette lenteur judiciaire sont multiples :

- Un manque de coopération des autorités égyptiennes, qui, après 7 demandes de commissions rogatoires laissées sans réponses, n’ont, à ce jour, toujours pas transmis le CVR (Cockpit Voice Recorder), la boite noire permettant d’enregistrer notamment les conversations des pilotes ;

- Un refus de l’ancien patron de Flash Airlines d’être entendu par les magistrats instructeurs français ;

- 4 juges d’instruction qui se sont succédés depuis les faits.

Après un premier non-lieu rendu le 11 juillet 2017 au motif que l’enquête ne permettait « pas de retenir d’autre hypothèse que celle des fautes imputables à l’équipe de pilotage », les parties civiles avaient immédiatement interjeté appel.

Le 24 septembre 2019, la Chambre de l’Instruction avait ordonné la reprise des investigations, considérant que les tentatives pour entendre l’ancien patron de la compagnie aérienne étaient « insuffisantes ». La Chambre de l’Instruction avait alors ordonné le dépaysement de l’affaire au pôle « Accidents Collectifs » du Tribunal de Paris.

Alors que l’enquête pénale a pu mettre en avant la thèse de la « désorientation spatiale » par un équipage fatigué, éprouvé par de multiples rotations, les experts ont également pu démontrer :

- Un manque de rigueur règlementaire de la part de l’exploitant ;

- Une « carence de (la) hiérarchie » quant à la formation du commandant de bord ;

- Une absence de « formation à la gestion des ressources de l’équipage » alors qu’elle était prévue par le manuel de la compagnie ».

Alors que les parties civiles ont demandé maintes fois à ce que l’ancien patron de Flash Airlines, Mohammed Nour, soit entendu, ces requêtes sont restées lettres mortes. Pourtant, Me Bellecave, avocat de l’association des familles des victimes, déclarait au Parisien en 2019 que les expertises judiciaires menées en 2008 et 2010 établissent que « les manquements de la compagnie, dans la gestion des ressources d’équipage et dans sa formation, sont directement à l’origine du crash. Interroger ce dirigeant et le confronter à ces rapports est indispensable. Il s’agit simplement d’un enjeu de vérité. »

Parallèlement à la procédure pénale, les familles des victimes ont attaqué l’État français en juillet 2017 afin de dénoncer « l’inertie de la justice » française. En mars 2019, l’État a été condamné à verser 10.000 euros aux familles des 135 victimes françaises pour « mauvais fonctionnement de la justice ».

Comme l’avait déclaré M. Claude Fouchard en mars 2019 à 20 Minutes, « nous ne pouvons pas tolérer que ces morts soient ‘’de la faute à pas de chance’’ ».

Mme Isabelle Manson, qui succède à M. Claude Fouchard en tant que présidente, reprend cette lutte acharnée pour la justice. La FENVAC se tient fermement aux côtés de l’association de défense des familles des victimes.

A l’heure où Airbus et Airfrance viennent d’être renvoyées devant le Tribunal Correctionnel dans le crash du Rio-Paris, ainsi que la compagnie Swiftair dans le crash d’Air Algérie, l’heure est aujourd’hui à la reconnaissance des protagonistes impliqués, qui ne sauraient se dérober à leurs responsabilités pour des raisons dépourvues de tout fondement et de bon sens.

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