DECISION "INTELLIGENTE", PEINES "PAS EXCESSIVES" : TOUTES LES REACTIONS AU VERDICT DU PROCES DU 13 NOVEMBRE

Décision "intelligente", peines "qui font preuves d’humanité", verdict "juste", procès "exemplaire"... Retrouvez les réactions des parties civiles, des avocats de la défense et des personnalités politiques, à l’issue de l’historique procès des attentats du 13 novembre 2015.
Au terme de 10 mois et 149 jours d’audience, la cour d’assises spécialement constituée pour le procès des attentats du 13 novembre 2015 a livré son verdict. Salah Abdeslam, dernier survivant des commandos de cette nuit d’horreur a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, incompressible. Tous les accusés ont été reconnus coupables de tous les chefs d’accusation, à l’exception de Farid Kharkhach, dont le caractère terroriste de l’association de malfaiteurs n’a pas été retenu. A l’issue du verdict, rescapés du Bataclan, associations de victimes, avocats de la défense et des parties civiles et personnalités politiques ont pris la parole. François Hollande, président à l’époque, a salué un "procès" exemplaire, dont la captation, "donnera aux générations futures les moyens de comprendre ce qui s’est produit le 13 novembre 2015". Voici l’essentiel des réactions.
"Beaucoup de soulagement", pour Sophie, rescapée du Bataclan
Sophie, rescapée du Bataclan, a déclaré à l’issue du verdict : "Les peines sont assez lourdes. Ils ne sortiront pas tout de suite de prison. On va savourer, je ressens beaucoup de soulagement. Dix mois de procès, ça aide à se reconstruire. C’est fini, ça va faire un vide". Stéphane Sarrade, le père d’Hugo, tué dans la salle de concert, estime lui que le verdict "permet d’établir une responsabilité".
Une décision "intelligente" pour les avocats des parties civiles
Les parties civiles "constatent l’intelligence de la décision, le discernement qu’il y a eu dans les peines infligées", a déclaré à l’issue du verdict Jean Reinhart, l’avocat de "13onze15 Fraternité-Vérité", l’une des associations de victimes des attentats du 13 novembre 2015. Les parties civiles "regardent avec satisfaction que tous les éléments des délits et des crimes reprochés aux accusés ont été gardés intégralement", a-t-il poursuivi. Me Gérard Chemla, également avocat de parties civiles, a estimé que les peines n’étaient "pas excessives", et que la décision prise "était très motivée". "On a la sensation après le verdict qu’on tourne une page (…) On est à un moment satisfaisant pour tout le monde, en tous cas pour la justice", a-t-il déclaré.
Des peines "correctes, qui font preuve d’humanité", pour les avocats de la défense
"Les peines sont quasiment toutes en dessous des réquisitions (…) sur l’argumentation juridique, on n’est pas d’accord. (…) Néanmoins on constate que ce sont des peines correctes qui font preuve d’humanité", a déclaré Me Xavier Nogueras, avocat de Mohammed Amri, condamné à huit ans d’emprisonnement. Son confrère, Me Ilyacine Maallaoui, avocat de Sofien Ayari, condamné à trente ans de réclusion, a ajouté : "J’ai la sensation que juridiquement nous avons été entendus (…) que la cour nous a écoutés".
Un verdict "juste" qui " satisfera une partie des victimes", selon les associations de victimes
"C’est un verdict juste", a réagit Marie-Claude Desjeux, présidente de la Fédération nationale des victimes d’attentats et des accidents collectifs (Fenvac), sur BFMTV. "Ça met fin à dix mois de procès, à beaucoup de souffrance, même s’il y a des questions sans réponse, la condamnation de Salah Abdeslam est significative", a-t-elle déclaré. Philippe Dupeyron, président de l’association de victimes 13onze15 est lui aussi "convaincu" que "la plus extrême sévérité" retenue par la Cour contre le dernier survivant des commandos Bataclan "satisfera une partie des victimes" ajoutant que "certains avaient besoin de cette peine" (la perpétuité incompressible).
Arthur Dénouveaux, président de l’association de victimes Life For Paris, a de son coté déclaré : "Le chemin face à cette horreur a été de se reconstruire en groupe, et pas individuellement. On avait besoin de se serrer les coudes et d’entendre ce que la justice avait à nous dire après six ans et demi (…) J’ai quand même l’impression d’un immense gâchis, on envoie des gens en prison, il y a eu plus de 130 morts et la justice vient réparer l’innommable. En réparant, on ne revient pas en arrière. Avant de penser l’après, je vais digérer le fait qu’on a fini une première boucle. J’espère conjuguer le mot victime au passé".
Bruno Poncet, autre rescapé du Bataclan "partagé" sur la condamnation d’Abdeslam
"Est-ce qu’on n’est pas en train de transformer un garçon qui ne savait pas trop, qui ne sait toujours pas trop ce qu’il est, en une bête radicalisée ?", s’est interrogé sur franceinfo Bruno Poncet, rescapé du Bataclan, cheminot et syndicaliste, après l’énoncé du verdict. "Je suis un peu partagé parce que j’ai des amis qui étaient avec moi dans le Bataclan, qui ont peur de sa sortie", souligne Bruno Poncet. Mais il rappelle que "jusqu’à maintenant, on a eu un procès équitable, un procès où l’on a montré à la barbarie, aux terroristes, que la réponse pouvait être de la justice, de la démocratie". Bruno Poncet fait "confiance à la justice" en se disant que, "s’ils ont mis ça, c’est réellement qu’eux, ils pensent que c’est la meilleure solution". Mais "vu les conditions carcérales", le rescapé des attentats se questionne. Concernant la fin du procès, il se dit enfin soulagé. "Ouf c’est fini. On va passer à autre chose", lâche le cheminot qui avoue n’être "plus la même personne aujourd’hui que le 8 septembre" au début du procès. "Réellement, je sors galvanisé. Cela nous redonne de l’enthousiasme. Et ça me redonne vraiment confiance en l’humanité."
"Nous continuerons à traquer l’islamisme", écrit Elisabeth Borne
Dans la soirée, la première ministre s’est exprimée sur Twitter. Elle a écrit : "La Justice est dite. Elle n’effacera pas l’horreur des actes commis ce 13 novembre 2015. Mais c’est une étape forte pour tous les survivants, pour tous les Français", avant d’ajouter "l’islamisme est un poison mortel. Nous continuerons à le traquer et le combattre de toutes nos forces. Nous le devons aux victimes du 13 novembre, à toutes les victimes d’attentat. Nous le devons à la République et à la liberté, nous ne céderons rien pour les défendre." Ses pensées "vont aux victimes, aux survivants et à leurs proches", pour qui, "pour beaucoup, le temps de la reconstruction peut enfin commencer".

Crédit photos :  France inter  Juliette Geay  30/06/2022

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