TERRORISME : PETER CHERIF, DIT ABOU HAMZA, SERA JUGE AUX ASSISES

Associé à la filière des Buttes Chaumont, il est notamment soupçonné d’avoir « participé » à « la séquestration » en bande organisée mi-2011 de trois ressortissants français, membres de l’ONG Triangle génération humanitaire

Peter Cherif sera jugé. Le vétéran du jihad, figure de la filière terroriste dite des Buttes-Chaumont, sera jugé prochainement par la cour d’assises spécialement composée, selon l’ordonnance signée vendredi par deux juges d’instruction antiterroristes dont l’AFP a eu connaissance mardi ?

L’homme de 40 ans sera prochainement jugé pour association de malfaiteurs terroriste criminelle entre 2011 et 2018, période de sa présence au Yémen au sein d’Al-Qaida dans la péninsule arabique (Aqpa).

Deux évasions
Egalement connu sous le pseudonyme d’Abou Hamza, il apparaît au début des années 2000 dans le répertoire des terroristes d’inspiration djihadiste. Les Américains l’arrêtent en 2004 alors qu’il combat à Falloujah en Irak. Ce pays le condamne deux ans plus tard à quinze ans de prison, mais Peter Cherif s’échappe en 2007 pour la Syrie. Il en est expulsé début 2008, transféré en France et mis en examen dans la foulée.

Un temps incarcéré, il est jugé à Paris début 2011 mais prend la fuite juste avant sa condamnation à cinq ans de prison pour le Yémen, via la Tunisie et Oman. Il passera sept ans au Yémen, avant de se rendre à Djibouti en 2018 sous une fausse identité et d’y être arrêté trois mois plus tard. Il retrouve ensuite la France et la détention. Ses avocats, Me Ouadie Elhamamouchi et Sefen Guez Guez, n’ont pas souhaité commenter cette ordonnance dans l’immédiat.

Il aurait « facilité l’intégration » de Chérif Kouachi
Ce père de deux enfants, est notamment soupçonné d’avoir « participé » à « la séquestration » en bande organisée mi-2011, pendant plus de cinq mois, de trois ressortissants français, membres de l’ONG Triangle génération humanitaire.

C’est toutefois un autre rôle potentiel, âprement débattu au cours de l’instruction et qui le sera sûrement lors du procès, que les juges retiennent : ils estiment que Peter Cherif a « facilité l’intégration » au sein d’Aqpa de Chérif Kouachi, un des deux frères ayant commis la tuerie dans les locaux de l’hebdomadaire satirique Charlie Hebdo, et qu’il avait « connaissance » de « la mission » de perpétrer un attentat en France confiée par Aqpa à son ami d’enfance lors d’un court séjour à l’été 2011 au Yémen.

Selon plusieurs témoins, dont la défunte compagne de Peter Cherif, Aqpa conseillait aux combattants étrangers arrivant au Yémen de retourner dans leurs pays d’origine commettre des attentats. Une suggestion qui aurait été faite aussi à Peter Cherif qui ne pouvait donc l’ignorer.

L’intéressé aurait en outre « maintenu des contacts » avec Chérif Kouachi lors de son retour en France, ce qui « confirme » pour les juges « la connaissance qu’avait Peter Cherif de la mission confiée » à son ami. Tout au long de l’information judiciaire, Peter Cherif a contesté cela, indiquant simplement que Cherif Kouachi et une autre figure du jihad qui l’accompagnait, Salim Benghalem, lui avaient dit « qu’ils allaient ressortir » du Yémen pour « un travail à l’extérieur », sans précision. « Je n’étais pas au courant. Je l’ai dit mille fois aux policiers », insistera Peter Cherif en interrogatoire en juin 2021.

Crédit photos : Article rédigé par 20 minutes avec AFP sur le site de 20minutes.com

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