PROCÈS DE BRÉTIGNY : LA MÉMOIRE DE VINCENT ET LE TRAUMATISME D’UNE FAMILLE

Vincent C. venait tout juste de commencer ses vacances. Le 12 juillet 2013, ce surveillant au lycée de Brétigny-sur-Orge (Essonne) attendait son RER quand il a été fauché sur le quai de la gare par l’Intercités Paris-Limoges.

Son frère Stephen lui a rendu hommage ce mercredi 1er juin lors du second jour consacré à l’audition des parties civiles pendant la sixième semaine du procès de la catastrophe ferroviaire, qui a fait sept morts et des centaines de blessés physiques et psychologiques.

Sur proposition de la présidente du tribunal, une photo de Vincent a été projetée pendant le passage de son frère à la barre. Magistrats, avocats, parties civiles, journalistes et public ont pu mettre un visage sur son nom. Celui d’un homme barbu, souriant, habillé, le jour du cliché, d’une petite veste en jean.

En larmes, Stephen C. a lu d’un ton lourd une lettre de trois pages en hommage à ce petit frère dont il était très proche. Ils partageaient la même passion pour la musique, l’aîné à la batterie, le cadet à la basse. Ensemble ils avaient un groupe, faisaient des concerts et des petits clips.

Sans réponse de son frère

Pour son dernier jour de travail de l’année scolaire, Vincent C. avait fini sa journée vers 17 heures. Suffisamment tôt pour être sur le quai de la gare de Brétigny à 17 h 11, quand le train a déraillé à 137 km/h. Trois autres personnes présentes sur le quai sont mortes cet après-midi-là. Trois personnes sont décédées dans le train.

Stephen C. a appelé son frère à 17 h 15. Plusieurs fois, il est tombé sur son répondeur.

C’est quand il voit une image de la catastrophe qu’il comprend.

« Je savais qu’il était sur le quai de la gare et qu’il n’avait pas pu s’en sortir. J’avais senti qu’à partir de ce jour je ne le reverrai plus », s’est-il souvenu, provoquant des pleurs discrets dans les rangs des parties civiles et de la presse.

« J’avais senti qu’à partir de ce jour je ne le reverrai plus »

La confirmation de la tragique nouvelle interviendra le dimanche matin quand des journalistes l’appellent pour savoir s’ils peuvent mettre son frère dans la rubrique nécrologique du journal.

S’en est suivi un long travail de « rémission » et de tentative de guérison, malgré les « expertises qui viennent couper les fils et remettre la chair à vif ».

Stress post-traumatique

La mère de Vincent et Stephen C. était présente mercredi au tribunal. Le père n’a pas pu venir, « il ne peut toujours pas ». En 2018, en proie à des « visions, des flash-back, des angoisses, des douleurs musculaires et de l’eczéma », il « craque ». Une psychologue lui diagnostique un syndrome du stress post-traumatique, qu’il traitera par des séances d’EMDR, une stimulation du cerveau par mouvements oculaires.

Une quarantaine de rescapés, blessés, proches des sept victimes décédées ou représentants de syndicats ferroviaires déposent à la barre du tribunal depuis mardi, et pour plusieurs jours.

En tout, 435 victimes ont été identifiées et parmi elles, 184, dont neuf personnes morales, se sont constituées parties civiles et moins d’un quart ont décidé de témoigner.

Crédit photos : Date : 1er juin 2022 Auteur : SudOuest.fr avec AFP Source : SudOuest.fr

Nous soutenir

C’est grâce à votre soutien que nous pouvons vous accompagner dans l’ensemble de vos démarches, faire évoluer la prise en charge des victimes par une mobilisation collective, et poursuivre nos actions de défense des droits des victimes de catastrophes et d’attentats.

Soutenir la FENVAC

Ils financent notre action au service des victimes